J’appelle le paradoxe d’Oedipe (petit clin d’oeil au célèbre complexe d’Oedipe) la situation de celui qui voit des choses qui ne se sont pas encore produites.

Dans mes visions, je vois des choses qui furent, qu’elles soient du passé de cette vie-ci ou de vies antérieures. Les annales akashiques conservent tout, sans distinction. Je vois des choses qui sont, même à distance et nouveauté des dernières semaines, visiblement dans d’autres espaces que la Terre.

Mais je vois aussi des choses qui ne se sont encore produites, on pourrait dire que ce sont des futurs potentiels. Le premier problème de ce type de savoir, c’est qu’on se dit que c’est n’importe quoi : c’est impossible. L’accumulation de prédictions justes a fini par vaincre mon scepticisme originel.

Ce qui amène au deuxième problème : c’est trop souvent juste. Normalement, les devins se trompent dans 9 cas sur 10, y compris Nostradamus. Et plus c’est loin d’eux dans le temps, pire c’est. Les miennes sont justes dans 100% des cas. Ce qui signifie que ce ne sont pas juste des prédictions : ce sont des choses qui sont en train de se produire, juste invisibles dans le monde matériel pour l’instant.

Cette réalisation m’a conduite à élargir le champ de mes visions. Avant ça, une vision devait être claire, précise et répétée pour être considérée comme valable. Maintenant, tous les flashs sont considérés comme valables. Et j’ai alors réalisé que ce n’était pas une ou deux visions par semaine qu’il fallait considérer mais 10 à 20 par jour ! À chaque fois que je tire une carte de tarot ou d’oracle, j’entre dans l’espace d’une canalisation ou d’une vision. Mais aussi dès que mon esprit est tranquille et ouvert : marche dans la nature, en peignant, en écoutant de la musique…

Les différents types de vision

Cette modification m’a permis de faire deux catégories : les ressentis d’énergie latente et les autres. Les ressentis d’énergie latente sont tous ceux qui sont liés à la captation d’une énergie subtile non visible mais actuellement présente. Par exemple, quand je sais en passant à côté de quelqu’un à quel arrêt de bus il va descendre ou s’il a un cancer. Ce ne sont pas des prédictions équivalentes, loin de là mais elles entrent dans le même registre de ressenti énergétique, celui du futur qui s’écrit au présent. On ne pourrait rien y changer, tout est déjà en place.

Puis, il y a les autres, ceux dont les éléments ne sont pas encore en place mais qui semblent inscrits sur la trajectoire d’une personne. C’est là qu’intervient le paradoxe d’Oedipe.

Lorsque la Pythie prédit aux parents d’Oedipe que leur fils tuera son père et épousera sa mère, elle enclenche le mécanisme. Sans la prophétie, il n’y aurait pas eu de réalisation. Ils n’auraient pas envoyé leur fils au loin, il n’aurait pas ignoré l’identité de ses parents. Lorsque la prophétie lui est répétée, s’enclenche la deuxième partie : il va lutter contre et donc la réaliser. C’est ce que j’appelle le paradoxe d’Oedipe : s’ils avaient accepté le destin, celui-ci ne se serait pas réalisé. C’est en luttant contre qu’ils mettent en place les éléments pour que la fatalité s’accomplisse.

Le paradoxe d’Oedipe

Le paradoxe d’Oedipe pour un chaman est une question compliquée. En disant ce qu’on a vu, va-t-on enclencher le mécanisme qui va amener à leur réalisation ? C’est le principe des prédictions auto-réalisatrices si connues en psychologie. Si on dit à quelqu’un qu’il va tomber, on augmente sa chance de tomber, parfois jusqu’à en faire une certitude si c’est répété. Idem si on lui dit qu’il va réussir ou échouer.

Mais si on ne dit rien et que ça se produit quand même, comment vivre avec la culpabilité ? Aurions nous pu changer l’issue ? Était-ce souhaitable ?

Pour ma part, je choisis en général de ne rien dire. Une histoire taoïste sur le jugement porté sur les événements explique ce choix. L’histoire est assez longue, un père subit une longue suite de joies et peines concernant son enfant. À chaque fois, les voisins se réjouissent ou se lamentent en fonction de leur perception de l’événement. Et lui répond invariablement que cela est, sans dire si c’est mal ou bien. Par exemple, quand son fils se casse une jambe, les voisins se lamentent, pas lui. Sa jambe cassée lui épargnera de partir à la guerre et d’y mourir comme les autres garçons du village.

Lutter contre le destin veut dire décider si ce qui doit arriver est mal ou bien. Cette connaissance ne m’appartient pas. Donc, j’accepte ce qui fut, ce qui est et ce qui sera sans chercher à résister à des forces au delà de mes compétences. Mais si c’est pour ne rien faire, pourquoi donner la vision ? Parce que je ne vois pas tout, les visions ont visiblement un objectif, lequel ?

Aller vers la paix

Certaines de ces visions m’ont aidée à prendre conscience de ma capacité à recevoir. D’autres m’ont éveillée, donné des connaissances différentes. Beaucoup m’ont appris à accepter la mort, la maladie à un degré à chaque fois plus important. Toutes m’ont montré que la paix intérieure est le plus beau cadeau de l’univers.

Inscrite dans des courants cosmiques bien plus forts que le plus puissant des tsunamis, qui suis je pour lutter ? Prendre calmement connaissance des courants, du sens du vent et surfer est la solution la plus économe en énergie. C’est aussi la plus utile à l’univers : chaque être connecté à son moi profond est un relais pour la lumière. Lorsqu’on ne rend plus oeil pour oeil mais qu’on voit la peur et la douleur dans les yeux de celui qui vous blesse, c’est nettement plus simple de tendre l’autre joue.

Cela ne veut pas dire se soumettre à tout mais savoir choisir ses batailles et en faire des espaces de coopération plus que de guerre. C’est ça pour moi être chaman, j’emprunte le terme à la tradition toltèque popularisée par la famille Ruiz. Et j’accueille les manifestations de l’univers, comme les visions pour ce qu’elles sont : des informations utiles pour remplir mon chemin de lumière.